Apprendre à Penser autrement grâce à autrui ou
Comment se servir d’autrui pour progresser
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« Nous servir d’autrui » ? Comme l’idée paraît opportuniste (dans le mauvais sens du terme) !
Pourtant, comme nous voyons souvent la paille dans l’œil de notre voisin mais rarement la poutre dans le nôtre (cf. L’Évangile de Saint Matthieu 7, 3-5 et l’Évangile de Luc, 6, 41), je vous propose de repérer les « défauts » de pensée de votre vis-à-vis afin de mieux détecter les vôtres.
Lorsque votre interlocuteur commet des erreurs…
Prêtez l’oreille aux propos de vos interlocuteurs, écoutez-les attentivement, observez-les. Soyez à l’affût de vos échanges,
Décelez leurs « erreurs », leurs contradictions, leurs tics de langage, leurs façons de dire (communication non verbale), notez ce qui vous dérangent.
Critiquez-les in petto autant que faire se peut (si si, lâchez-vous).
Notez en mémoire (mémorisez discrètement) ce qui vous déplait en eux.
Vous intégrez ainsi ce qui vous paraît instructif.
Puis observez-vous avec le même œil critique – oui, le vôtre. Que remarquez-vous ? …Vos propres erreurs !
Ne vous fustigez pas, dégustez vos erreurs puisqu’elles vous mettent sur la voie du progrès.
Votre interlocuteur vous rend service à son insu. En effet, grâce à ses propres erreurs, il vous met face à vos lacunes. Aussi respectez-le pour ce service ! (Respectez-le de toute façon).
Comme faute avouée est à moitié pardonnée, admettez vos erreurs avec honnêteté. D’abord vis-à-vis de vous-même puis face à autrui. Les gens sont amusés des fautes commises par autrui, et se montrent plus cléments face à leur marque d’humilité. De surcroît, s’ils vous voient en plein désarroi, vous déclencherez des vocations d’âmes charitables qui bondiront à votre secours.
–> remarquez les erreurs de vos interlocuteurs et évitez-les à votre tour.
–> Admettez vos erreurs et vous serez – à moitié – pardonné.
Lorsque votre interlocuteur ne pense pas comme vous…
Vous remarquez que votre vis-à-vis ne pense pas comme vous et cela peut être très agaçant. C’est comme une remise en cause de votre propre personne et votre premier réflexe va être de lui donner tort pour conserver votre intégrité psychique. Vous allez chercher alors à contrecarrer son raisonnement ; vous allez tenter de lui démontrer par A plus B qu’il est dans l’erreur (tiens, observez-la l’erreur qui passe. Là est votre erreur – aussi !)
Or, grâce à votre nouvelle façon de penser, vous allez d’abord écouter attentivement ses arguments, puis vous ré-exprimez ses propos en les rendant bien plus compréhensibles qu’ils n’étaient. Pourquoi ?
Parce que vous décidez de penser autrement et de commencer par prendre du recul. No précipitation.
Et pour vous rendre service à tous les deux : plus de joute verbale pour démontrer que vous avez raison. Vous reformulez ses propos de manière concise, claire, intelligible, et il s’y retrouve. Votre interlocuteur apprécie votre écoute attentive et votre ouverture d’esprit. En voilà une nouvelle façon de penser qui porte ses fruits !
Et si vous voulez encore critiquer – du moins remettre en question – les idées de votre interlocuteur, mentionnez d’abord celles avec lesquelles vous êtes d’accord. Dites-lui ce que vous retenez d’important pour vous, puis exprimez votre critique.
A ce stade, votre interlocuteur vous écoute avec attention car il se sent respecté. Il ne vous coupe pas la parole et tient compte de vos arguments. Vous lui avez montré que vous, vous saviez écouter – vous lui avez montré l’exemple – et inconsciemment, il va vous suivre sur cette voie, vous montrer qu’il en est aussi capable. Vous aurez fait preuve de jugeote dans votre raisonnement et cela suscite le respect.
–> Respectez votre interlocuteur, la personne qu’il est.
–> faites porter votre critique – le cas échéant – sur le contenu de ses propos, par sur sa façon de dire.
Lorsque votre interlocuteur vous pose des « questions rhétoriques »…
Il se peut que votre interlocuteur parle « pour ne rien dire », histoire d’occuper votre temps, ou le sien (cf. La Structuration du temps en Analyse transactionnelle), écoutez bien (vous remarquez que l’écoute est décidément incontournable), faites la distinction entre les vraies questions et les fausses questions (dites questions rhétoriques).
Les premières demandent de vraies réponses tandis que les secondes sonnent creux, ou contiennent déjà la réponse de façon flagrante, ou bien votre interlocuteur y répond déjà.
Les « fausses » questions – dites aussi questions rhétoriques – servent de raccourci à la pensée. Elles n’appellent pas de réponse. Ce sont des affirmations présentées sous couvert d’une phrase (faussement) interrogative.
Cependant, si la question vous paraît « intéressante » malgré son côté fallacieux, répondez-y dans votre tête. Exemple : « Tu ne trouves pas que je suis quand même super intelligente ? – Non ». Ou « Mon dieu, à quoi en suis-je réduit ? – A l’état larvaire, c’est sûr ». (bon… pesez bien le pour et le contre avant de « répondre »)
Si vous trouvez la réponse bonne, exprimez-la. Sinon, vous l’avez repérée pour ce qu’elle est : une question rhétorique.
–> Si la question rhétorique est vraiment « creuse », taisez-vous, passez à autre chose.
–> si la question creuse peut faire l’objet d’une réponse intéressante (amusante, décalée, ironique, …), pesez le pour et le contre et exprimez-la.
Lorsque votre interlocuteur vous agace par ses propos…
Respirez profondément et calmement histoire de calmer votre pouls.
Écoutez (quand même) malgré l’agacement ou l’impatience qui vous gagne…
Remarquez pourquoi ses propos vous irritent ou vous ennuient.
Est-ce parce que son développement est long ? Parce qu’il se répète ? Parce qu’il tourne en rond ? Parce qu’il est redondant ? Parce qu’il est lourd ? (comme moi en ce moment !)
Comme les grandes digressions sont agaçantes en effet. Alors ne faites pas comme lui. Utilisez plutôt la loi de parcimonie – dit aussi le « Rasoir d’Ockham » – qui est un principe de simplicité. Ce principe d’économie consiste à exprimer une idée en peu d’arguments lorsque ceux-ci suffisent à votre démonstration. Expliquez simplement ce qui peut l’être sans multiplier les raisonnements.
–> Respirez profondément… Respirez encore.
–> Faites simple plutôt que compliqué.
–> Minimisez les arguments, ils seront plus impactants.
Lorsque votre interlocuteur se / vous perd dans de grandes digressions…
Rappelez-vous le Principe 80/20 (voir l’article sur ce blog) qui démontre statistiquement que seules 20% d’informations sont pertinentes et 80% sans intérêt. Recherchez ces 20% utiles et éliminez le reste (je sais, c’est dur, moi-même je n’y arrive pas toujours) (car comment savoir ce qui est important de ce qui ne l’est pas ? Et pour qui ?)
Allez directement au plus important, au plus intéressant, selon votre objectif et votre interlocuteur. De toute façon le temps et l’énergie psychique disponibles de vos interlocuteurs sont limités alors si vous voulez être entendu, compris, faites court et simple (ce qui rejoint le principe d’Ockham ci-dessus)
–> Repérez votre objectif. Sachez où vous voulez emmener votre interlocuteur.
–> Allez à l’essentiel.
Lorsque votre interlocuteur semble dire de grandes choses inspirées qui vous « dépassent »…
Méfiez-vous des « profonditudes », ces phrases qui semblent énoncer de grandes vérités (« L’Amour avec un grand A n’existe pas ») mais ne sont en fait que des ambiguïtés ou des platitudes.
Après analyse d’une phrase qui vous paraît « mystique, incroyable de vérité et de simplicité », vous vous rendez compte que le propos est creux et ne dit rien de sensé.
–> Abstenez-vous de telles platitudes.
En conclusion (partielle) :
- Observez votre interlocuteur, écoutez attentivement ses propos ;
- Écoutez (encore) et analysez le fond plutôt que la forme ;
- Observez aussi la façon dont c’est dit, la forme peut vous abuser ;
- Tentez de saisir ce qui vous échappe au premier abord ;
- Prenez le temps de la réflexion (« Tourner sept fois sa langue… ») ;
- Restez calme et attentif ;
- Respirez, respirez, respirez.
Ces « défauts » de communication interpersonnelle ne sont pas exhaustifs. Tant mieux ! Nous nous confrontons les uns aux autres pour notre plus grand bien, tirons-en parti avec le sourire 🙂
Je vous souhaite le meilleur
Consultante, Pédagogue,
Conférencière, Auteure
Ouvrage : « A Quoi pense une Professionnelle de la Formation en train d’animer un Stage ?«
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