Aujourd’hui, je me lève avec un mental en ébullition
– oooh la tronche que j’aie, là, dans le miroir (« mais non, t’es belle ») ;
– oooh, y’a rien à manger au p’tit déj’ (« mais si, regarde toutes ces victuailles sur la table, c’est l’abondance ») ;
– oooh, tiens, ma fille se pomponne pour la reprise des cours (« t’es pas encore partie ? Tu vas être en retard ») ;
– oooh, ça caille en ce printemps tardif, y’a plus d’saison (« Quant est-ce qu’ils vont cesser de dérégler le climat ? ») ;
– oooh, ces voisins qui me dérangent avec leur musique (« vas-y, monte le son de ta soprano Kiri Te Kanawa ») ;
– oooh, j’ai rien à m’mettre (« tu te fiches de moi ? T’as vu ton armoire ?! ») ;
– oooh, j’suis trop nulle de faire la part belle à toutes ces pensées parasites (« la ferme, là-dedans ! »). [inspir’ Expir’ là… là…, ça va mieux]
…parce que vous avez remarqué ce qui se passe sous mon crâne ? (on voit toujours mieux chez les autres que chez soi) … Je pense sans arrêt et sans repos et sans pitié et sans discrimination et sans m’en rendre compte et ça m’épuise.
En fait, je ne pense pas…
…Je porte un jugement sur un tas de situations, passées, présentes, futures. Je me « prends la tête ». Mon énergie psychique est occupée à sécréter toutes ces « pensées » qui n’en sont pas. Une pensée se doit d’être belle, originale, intelligente. Là, je ne fais qu’exprimer des a priori, des jugements sur ce qui me fait peur ou ce que je crains ou ce que je veux. En fait, je catégorise par réflexe, comme pour me donner l’illusion d’un certain contrôle sur la réalité. J’organise l’information pour lui donner du sens, une signification qui me rassure parce que je pense ainsi la « comprendre ».
Notre mental qui cherche à nous rassurer nous enferme et nous fragilise. Nous portons des jugements sur toute chose, toute personne et tout le temps : ce qui est bien, ce qui est mal. Ce qui est bon pour la santé, ce qui est mauvais. Ce que je devrais faire et ne pas faire. Ce que tu devrais penser et ne pas penser. Ce qu’il a dit par le passé et n’aurait pas du… Et je juge, et tu évalues, et il pense sur autrui, et elle jauge, et nous critiquons, et vous cataloguez, et ils étiquettent, et elles jugent, encore. (et encore, si nous nous contentions de juger sans agir en conséquence…).
Et quand nous pensons, c’est par une pensée binaire
Notre pensée est dichotomique : elle coupe notre réalité en deux. Soit Avantages, soit Inconvénients ; c’est blanc ou c’est noir ; c’est bien ou c’est mal ; c’est Oui ou c’est Non ; J’aime ou Je n’aime pas ; c’est beau ou c’est laid ; c’est divin ou c’est diabolique. Nous organisons le monde entre les Bons et les Méchants. Et, bien sûr, nous nous rangeons de préférence du côté des Bons, des gens biens et estimables… C’est rassurant. Et c’est pernicieux.
Ne jugez pas, pour n’être pas jugés.
Évangile selon Saint Matthieu 7:1
Cette pensée binaire, qui oppose, qui sépare, engendre forcément la résistance, le conflit, et l’épuisement de nos forces et nos énergies dans des crises sans fin. Elle est la base de controverses qui s’auto-alimentent (si elles pouvaient s’auto-détruire !)
Nos tentatives pour construire un monde meilleur sont perdues d’avance aussi longtemps que nous sommes convaincus que le mal est à éradiquer. (ce qui me rappelle un propos de Sœur Emmanuelle ou Mère Thérésa, qui disait refuser de manifester contre la faim ou contre la guerre mais plutôt « pour la paix »).
La pensée trine est intéressante
En revanche, si nous adoptions une pensée trine [j’ai rencontré ce mot « trine » à trois reprises récemment, ça m’amuse de l’utiliser] ou disons, une pensée ternaire… Une telle pensée engloberait ces trois éléments : l’élément A + l’élément B (son contraire) + la conjonction ET qui les inclurait tous les deux. Nous aurions ainsi un troisième élément qui les englobe : plus d’opposition ni de choix à faire, on prend le tout, il n’y a plus à tergiverser. Au lieu de faire balancer mon cœur d’un côté ou de l’autre, je l’ouvre en grand et j’englobe le tout. J’accepte sans critiquer, j’accueille ce qui arrive, sans résistance et sans jugement.
Si nous entrions dans cette acceptation de Ce Qui Est, sans jugement aucun, nous verrions se transformer notre monde intérieur et par ricochet notre monde extérieur. Si une pensée de confiance en la vie nous animait plutôt que la peur paralysante, si une pensée d’amour plutôt que de défiance…
…Mais il est vrai que plus on juge, moins on aime. Peu d’hommes vous mettent dans le cas de faire exception à cette règle.
Chamfort, Maximes et Pensées
Inclure Tout ce qui Est plutôt que tenter, en vain, d’exclure ou refuser une partie de cette réalité qui nous immerge et nous constitue. La réalité n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est telle que nous la concevons mentalement. Autant de milliards d’individus, autant de réalités multiples, et notre subjectivité lui donne un sens. Nous la voyons selon nos croyances (à ce propos : vous croyez ce que vous voyez ? Ou : vous voyez ce que vous croyez ? Et pourquoi n’accepteriez-vous pas ces deux manières d’appréhender la réalité ?)
Est-ce que la Nature juge ?
Si la nature jugeait mon voisin « mauvais » et moi « bonne », alors le ciel ferait pleuvoir sur lui et pas sur moi. Dame Nature me jugerait méritante, elle me gratifierait d’un soleil magnifique tandis que mon voisin ploierait sous la grêle… Imaginez le chaos !
Personnellement, je me créerais beaucoup moins de soucis si je ne (me) jugeais plus. Je ne sentirais plus culpabilité (ce que j’ai fait/pas fait, dit/pas dit, pensé/pas pensé…hier, avant-hier, demain, dans six mois, et aujourd’hui) ni regrets ni remords (« oui mais ça forge le sens moral tout de même » – tiens, encore un jugement).
Je me sentirais plus disponible pour des pensées constructives, innovantes, joyeuses…
J’aurais plus d’énergie le matin en me levant et à chaque instant de ma vie.
Avons-nous besoin de juger ? Non, notre cerveau a besoin d’informations à malaxer. Nuance
Vous avez dû vous rendre compte que vous ne pouvez vous empêcher de penser, d’avoir des idées. Votre cerveau est ainsi fait qu’il lui faut sa ration d’informations à traiter sinon il recycle vos idées fixes et tourne en boucle.
Pour tenir vos jugements en respect, attachez-les à un piquet imaginaire, telle la chèvre de Monsieur Séguin. Souriez-leur, englobez-les dans une pensée ternaire (une acceptation inconditionnelle) puis concentrez-vous sur une vraie pensée constructive, qui vous fait du bien (comme visualiser une belle image de votre objectif).
Une autre métaphore pour tenir vos pensées inutiles en respect – celles qui vous prennent la tête et n’apportent rien à votre moulin : imaginez-les comme des singes facétieux qui vous tournent autour et vous asticotent. Un peu comme dans les zoos à ciel ouvert où les animaux sont dans la nature et c’est vous qui pénétrez leur territoire. Vous avez alors une « armée » de singes qui ne vous lâchent pas aussi longtemps que vous ne leur avez pas donné des biscuits ou autres cacahuètes. Pour avoir la paix, vous lâchez quelques cacahuètes et vous vous amusez de leurs facéties bagarreuses… Vous passez alors votre chemin. Faites-en autant avec vos « pensées parasites ». Et si elles persistent, accrochez-les à un poteau au bout d’une laisse. (c’est ce que je finis par faire parce que les cacahuètes une fois avalées…)
Parce que, dans le fond, qu’est-ce qui vous empêche de cesser de juger ? La distance d’une pensée. Une seule pensée…
Oui, il suffit qu’une pensée prenne la place d’une autre
…pas l’une de celles qui vous contractent, vous font peur, vous font ruminer, vous mettent en colère, comme :
- « Oui mais ce voisin est vraiment pénible, il me bousille la vie ! » – « tse tse… votre voisin n’est pas que votre voisin, il est aussi un bon époux qui rend sa femme heureuse » ; il est aussi un bon papi, n’a-t-il pas des petits-enfants qui viennent lui rendre visite ? »
- « Oui mais ce fonctionnaire est vraiment borné et tarde à régler mon dossier ! » – « tse tse, dites-vous qu’il n’a aucune raison de vous vouloir du mal personnellement [celle-là, je la prends pour moi] et qu’il fait son travail du mieux qu’il peut » ;
- « Oui mais vous n’avez pas ma vie si pénible… » – « tse tse, si vous croyez que tout le monde conspire à votre perte, vous avez raison ; et si vous croyez que tout le monde contribue à votre bonheur, vous avez aussi raison. [cette idée est inspirée d’une phrase de Henry Ford]
Que vous pensiez être capable ou ne pas être capable, dans les deux cas, vous avez raison.
Henry Ford
Alors laquelle de ces deux affirmations vous fait du bien ? Quelle pensée choisissez-vous ?
Quant à moi, histoire de me faire du bien, je vais choisir une pensée lumineuse, une qui crée un sentiment de chaleur et d’expansion. Une pensée qui fait monter un sourire aux lèvres… Une pensée qui monte tout droit depuis l’espace du coeur.
Avec tout mon amour, je vous souhaite le meilleur,
Nathalie Decottégnie,
La Référente de la Proactivité
Auteure, Conférencière par passion
Consultante-Formatrice en Expansion personnelle et professionnelle
Maître-Praticienne Reiki depuis 2004
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