Même si vous aimeriez être une machine – pour vous mettre sur « pause » par exemple ;
Même si vous aimeriez le croire – pour vous simplifier la vie ;
(j’ai déjà imaginé être une machine, un truc qui ne se pose plus de questions, qui se contente d’absorber du carburant et de produire…) ;
Et bien non, vous n’êtes pas une machine !
Mais vous, êtes-vous convaincu-e de ne pas être une machine ?
Imaginez la tête que vous feriez si votre garagiste, soulevant le capot de votre voiture, vous déclarait : « vous voyez cette excroissance sur le côté du bloc-cylindres ? C’est un deuxième carburateur qui est en train de pousser, votre voiture change. »
Vous seriez surpris-e, peut-être embarrassé-e… votre voiture prend son autonomie… (Jusqu’où allez-vous pouvoir compter sur elle ?)
En réalité, côté voiture, nous sommes tranquilles, tout est sous contrôle. Votre Renault ne va pas se transformer en Citroën au bout de cinq ans et il ne va pas lui pousser une cinquième vitesse après 50 000 kilomètres au compteur. (« ce serait bien » doivent penser certains).
Avec les machines, les choses sont simples : quand vous entendez un cliquetis lors de son fonctionnement, ce n’est pas parce qu’elle traverse une transition, c’est parce qu’elle a un problème et qu’il faut simplement le régler chez le « mécano ».
L’idée que l’évolution puisse se poursuivre tout au long d’une vie de machine nous est totalement étrangère. Nous sommes tous d’accord là-dessus.
Pourtant, certains nous voient comme des machines
Certaines des théories modernes sur le développement de l’adulte voient l’être humain comme une mécanique bien rodée : il y a d’abord l’éducation, puis une série d’expériences et d’influences qui aboutissent à un être « fini ». Lorsque celui-ci atteint vingt-vingt-cinq ans, on estime qu’il est prêt à prendre la route pour apporter sa production à la société.
Certains auteurs tendent ainsi à voir l’être humain comme un mécanisme : il y a d’abord la phase d’investissement (l’éducation…), puis de rodage (les études…), de production (l’activité professionnelle…), d’utilisation (la consommation…) enfin – malheureusement – la mise au rebut (la mise à la retraite).
Dans cette vision des choses, les phases de l’évolution personnelle s’apparentent à celles d’une production industrielle. L’évolution (le développement personnel) commence à un moment où le produit (nous !) n’est pas encore fonctionnel puis s’achève une fois qu’il l’est devenu. Nous abordons alors un état statique sans plus « grandir ». Les changements intervenant par la suite sont des dysfonctionnements appelant la réparation. On s’emploie alors à trouver quelles sont les pièces défectueuses (nos organes !), tout comme le processus de production vise à remplacer et replacer correctement les pièces « comme il faut ».
Vous reconnaissez-vous en machine ?
Moi non.
Cette vision mécaniste de l’existence humaine est évidemment fausse.
Quel est l’animal qui marche à quatre pattes le matin,
à deux pattes le midi et à trois pattes le soir ?
L’énigme du Sphinx[Réponse à la fin de l’article]
L’énigme du Sphinx ci-dessus n’est pas qu’un simple test de sagacité. Elle est le reflet d’une vision des choses où la vie est marquée par deux grands tournants :
- Le premier est la transition entre la dépendance du jeune enfant qui se déplace à quatre pattes et l’autonomie de l’adulte sur ses deux jambes ;
- Le deuxième tournant, symbolisé par le recours à une canne ou un bâton, se signale entre l’adulte vaillant et l’adulte vieillissant s’appuyant sur sa « troisième patte ».
Notre vie est beaucoup plus riche que celle d’une machine
Plusieurs auteurs ont décrit nos vies – avec ses nombreux tournants – de manière fouillée :
- L’adolescence et sa crise d’identité (Erik Erikson)
- Les crises prévisibles de l’âge adulte (Gail Sheehy)
- Les saisons de l’âge adulte (Daniel Levinson)
- Les nombreux Guides de la Trentaine, de la Quarantaine, de la Cinquantaine…
- La (les !) crise(s) du « milieu de vie » …
Bien que ces théories soient intéressantes à connaître, l’intérêt de l’énigme du Sphinx est simple à retenir, et nous rappelle qu’il existe une succession d’étapes dans une vie avec chacune ses caractéristiques propres.
Les connaître, c’est éviter de succomber à une vision mécaniste de la vie et bien mesurer les implications de ces tournants dans nos vies.
Repérer ces tournants inévitables, c’est s’éviter des tourments – engendrés par nos résistances au changement. C’est nous faciliter la tâche et fluidifier nos vies car c’est ouvrir la voie aux changements de tous ordres sans plus opposer de forces contraires.
Nos vies sont faites de changements et de transitions
Nous évoluons de manière progressive et sans discontinuer. Toujours. Parfois de manière chaotique et douloureuse, parfois de manière fluide et évidente. Les douleurs du changement apparaissent surtout lorsque nous résistons aux conséquences – ou effets psychologiques – du changement. Nous avons alors l’impression de subir les événements plutôt que d’en être l’artisan. Et nous nous sentons impuissants, et nous victimisons… …parce que nous avons remis notre pouvoir dans notre ignorance de ce qui se trame en nous.
Savoir ce qu’il se passe en période de changement, c’est reprendre le pouvoir sur notre vie, car c’est d’abord comprendre, puis savoir « comment faire avec ».
Par ailleurs, même si nous sommes ouverts au changement, nous pouvons lui résister malgré nous lorsque nous ignorons son pendant psychologique. En effet, la transition subsiste au fond de nos entrailles psychiques, et poursuit son travail d’élaboration émotionnelle. Nous pouvons être de bonne foi lorsque nous déclamons ne pas craindre le changement (je fais partie de ces gens-là), et pourtant en souffrir (je fais aussi partie de ces gens-là). [« C’est à n’y rien comprendre » me direz-vous. Lisez la suite, vous comprendrez mieux]
Qu’est-ce que le changement ? Qu’est-ce que la transition liée au changement ?
Le changement
Un changement est un fait objectif, extérieur à vous : un déménagement, une rupture de contrat, un licenciement, un divorce, une démission, un nouveau-né dans la famille, une mutation, un décès, une nouvelle rencontre… marquent un changement dans le continuum de votre vie quotidienne, une modification dans votre environnement extérieur habituel qui impacte directement votre vie personnelle.
La transition liée au changement
La transition est le versant psychologique du changement en question, c’est-à-dire les bouleversements intérieurs, psychiques, que le changement engendre dans votre monde intérieur, subjectif.
– Vous, qui êtes-vous ? » lui demanda le Ver à soie (…).
– Je… Je ne sais pas trop, monsieur, pour le moment présent… Du moins, je sais qui j’étais quand je me suis levée ce matin, mais j’ai dû, je crois, me transformer plusieurs fois depuis lors.
Lewis Carroll (1832-1898) in Alice au pays des merveilles
La transition se compose globalement d’une succession de trois phases qui engendrent chacune des modifications intérieures profondes.
Nos transitions modèlent nos trajectoires et façonnent notre destin
C’est être en mesure de laisser l’espace intérieur nécessaire à son déploiement pour que notre croissance se fasse dans les meilleures conditions.
Le changement est permanent, donc les transitions sont multiples. Replacées dans le contexte d’une vie entière, les transitions balisent les changements, génèrent les avancées, les ruptures, les redéploiements, et dessinent finalement la courbe de notre destin.
La transition ressemble un peu à l’alchimiste, qui transforme le plomb du changement en or de l’évolution personnelle.
Une transition, c’est finalement une « mécanique » permettant à notre vie d’avancer.
Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître l’appelle le papillon.
Richard Bach (1936- …) in : Illusions : Le Messie récalcitrant
Les transitions nous font avancer et mûrir (coûte que coûte)
Une transition – plusieurs transitions dans une vie – nous font changer et mûrir. Ce n’est pas tant le changement qui nous fait changer que la transition.
Les nombreuses transitions de notre vie nous font mourir à nous-même et renaître de nos cendres, tel le Phénix (caractérisé par son pouvoir de renaître après s’être consumé dans les flammes. Il symbolise ainsi les cycles de mort, de résurrection et de noblesse. Somme toute mieux qu’un Sphinx, créature malfaisante du mythe d’Œdipe).
Une transition est difficile à vivre en soi. Que nous ayons provoqué le changement et soyons prêt à la transition qui lui est liée, ou que nous subissions le changement et la transition qui va avec, nous souffrons, du moins nous endurons quelque tourment dont nous ferions volontiers l’économie. Car, soit nous aspirons à ce que la transition se fasse au plus vite et nous aurons tendance à vouloir accélérer le mouvement (impatience, agacement, frustration… peut-être même culpabilité), soit nous le subissons et tentons vaille que vaille de retourner en arrière (vers le « bon vieux temps »).
La transition nous veut du bien – malgré les apparences
Bref, que nous soyons acteur ou spectateur du changement sur la scène de notre vie, la transition n’est pas anodine. Elle nous maintient pendant un certain temps dans une zone d’incertitude et de turbulence que nous aimerions bien fuir. Et pourtant, elle reste utile et nécessaire.
Et si nous tentons de l’éviter ou renâclons à ce qui se passe en nous, elle finira par faire son travail de régénération. Ou pas. Avec notre accord conscient. Ou pas.
Il vaut mieux faire « ami-ami » avec elle, accepter la transition et ses phases, pour qu’elle puisse effectuer sa fonction : nous renouveler, nous faire progresser.
Les transitions sont (souvent) difficiles à négocier
Aucun des tournants évoqués dans l’Énigme du Sphinx ne se négocie d’un seul coup. Ainsi, dans la première transition, entre la dépendance et l’autonomie, il y a généralement des étapes intermédiaires, avec une séparation de plus en plus nette entre l’enfant et les parents. Dans l’intervalle, les valeurs et la personnalité de l’enfant évoluent. C’est ce processus qui lui permettra, à l’âge adulte, de se définir vis-à-vis de lui-même et des autres.
A noter que ce processus n’est nullement achevé quand l’enfant fête sa majorité ou part étudier à l’étranger : à trente, quarante ou même cinquante ans, nous continuons parfois (voire souvent) de négocier ce grand tournant de l’autonomie et de la responsabilité.
Quant à moi, plus je mûris, plus j’ai l’impression d’avancer avec des semelles de plomb… le temps s’accélère et je reste sur place… Enfin, j’avance, mais jamais assez vite par rapport au temps qui s’échappe. J’ai l’impression que je n’arriverai jamais vers la totale autonomie. Quant aux responsabilités, n’en parlons pas… Bref, ma libération est toujours en cours. (En fait, il se pourrait bien que je sois dans une des phases de la transition – vraisemblablement la troisième – et que je veuille tirer sur sa tige pour faire pousser la fleur plus vite !) [je vous donne tous les détails de ces trois phases dans un Guide de la Transition. Voir en fin d’article]
Finalement, la transition serait-elle une crise ? La crise serait-elle une transition ?
Une idée me traverse l’esprit : peut-être que nos crises – personnelles, professionnelles, existentielles… – ne sont ni plus ni moins que des phases de transition ? Peut-être que la transition est une crise en soi ? Du moins c’est ainsi que nous définissons nos inconforts-doutes-peurs : une crise.
Et lorsque nos problèmes semblent augmenter par rapport à la normale – qui est déjà compliquée au quotidien – peut-être sont-ce les signes que nous entrons – ou traversons – une transition ?
Ensuite, lorsque nos vies semblent retrouver un semblant de calme, peut-être est-ce dû au fait que la transition est passée ? Nous entrerions alors dans une période de calme, de renouveau, où les choses semblent (enfin) rentrer dans l’ordre… Dans un Nouvel ordre. Jusqu’au désordre suivant… changement… transition… renouveau…
Notre vie vaut ce qu’elle nous a coûté d’efforts.
François Mauriac (1885-1970), Écrivain français, Prix Nobel de Littérature
Et vous, où en êtes-vous de vos transitions ? de vos changements ? de vos crises ?
Qui dit changement dit transition. (Dans le meilleur des cas… parce qu’un changement sans transition – cela arrive -, ce n’est pas du « changement », c’est de la « résistance au changement »).
Qui dit transition dit Deuil, renoncement…. à ce qui a été et qui ne sera plus.
Qui dit transition dit aussi Renouveau, régénération… vers une meilleure version de soi-même.
Alors, comme vous n’êtes pas une machine – j’insiste -, questions pour vous :
-
Où en êtes-vous de vos transitions ? de vos changements ? de vos crises?
-
Où vous situez-vous sur le continuum d’une transition ?
Vaste question, que je vous invite à découvrir dans
Le Guide de la transition
(disponible à partir du 28/05/2017)
Grâce à ce Guide, vous y verrez plus clair. Vous y trouverez des éléments de réponse pour comprendre vos propres changements et transitions – qu’on ne nous apprend nulle part. (il est vrai qu’une machine n’a pas à connaitre son fonctionnement… Justement, vous n’êtes pas une machine… allez à votre rencontre !)
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Quel est l’animal qui marche à quatre pattes le matin,
à deux pattes le midi et à trois pattes le soir ?
(L’énigme du Sphinx)[Réponse : vous l’aurez compris, c’est l’Homme]
Je vous souhaite le meilleur 🙂
Nathalie Decottégnie
La Référente francophone de la Proactivité
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