– Qu’est-ce que je l’aime, elle !
– Alors pourquoi tu ne le quittes pas, lui ?
– J’peux pas lui faire ça après trente ans de mariage…
– Et alors ? Tu disais que vous ne viviez quasiment plus ensemble, lui qui travaille à l’étranger depuis plus de cinq ans et toi ici en Alsace.
– J’peux pas lui faire ça, ce serait une trahison ! Nous avons déposé le bilan de notre entreprise il y a six ans, ça lui a fait un choc et il s’en remet peu à peu, alors si je lui annonce que je veux le quitter…
– Et qu’est-ce qui te fait croire qu’il ne pense pas la même chose de son côté ? Vous vous privez mutuellement de vivre heureux chacun de votre côté parce que vous voulez « prendre soin de l’autre » ? Parce que tu ne veux pas « le faire souffrir » ? Et si tu lui demandais ce qu’il en pense ?
– Oh non ! Jamais de la vie ! ça fait trente ans que nous sommes ensembles, je ne vais pas tout bousculer maintenant !
– Et ton amoureuse, en Bretagne, elle en pense quoi ? Tu crois qu’elle va t’attendre encore combien de temps ?
– Elle comprend, ça fait des années qu’on est très proche. Elle connaît ma situation, elle fait avec.
– Et t’as pas envie d’être heureuse, vraiment bien dans ta vie ?
– Ben si, je fais de mon mieux. ça va, je ne suis pas à plaindre. Bon, c’est sûr, mon amie n’est plus toute jeune et s’il lui arrivait quelque chose je me rapprocherais illico d’elle pour être à ses côtés.
– Et tu attends qu’elle soit malade pour vivre avec elle ?
– Ben oui parce que là, y’aurait urgence, elle deviendrait ma priorité !
– (…)
Échange véridique qui date de quelques années maintenant. Je n’ai plus de nouvelles de cette amie. Peut-être s’est-elle enfin rapprochée de son grand amour et est-elle allée vivre en Bretagne, sa terre natale… Peut-être pas.
Que feriez-vous si vous étiez à sa place ?
(« je ne suis pas à sa place »)
Autrement dit :
Que feriez-vous si vous étiez confronté à pareil choix : être fidèle à une promesse qui date de trente ans ou être fidèle à vous-même, à vos sentiments profonds actuels ?
Autre temps, autre lieu
– J’en ai marre de ce travail. J’ai ouvert ma boîte y’a plus de dix ans, ça marche bien, les clients affluent (sans doute dû à mes tarifs compétitifs) mais je m’ennuie. J’ai envie d’autre chose.
– Qu’est-ce qui t’empêche de changer de métier ? Qu’est-ce qui t’empêche de dire à tes clients que tu vas arrêter cette activité sous quelques mois ? Tu les préviens pour qu’ils aient le temps de trouver d’autres prestataires. Mieux, tu les confies à d’autres de tes confrères moyennant des conditions gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes.
– Oui mais le travail ne sera pas aussi bien fait. Et puis mes confrères sont beaucoup plus cher que moi, mes clients n’accepteront jamais de les suivre.
– Et toi, qu’est-ce que tu aimerais vraiment faire ?
– Oh moi j’adore cuisiner ! Je cuisine tous les jours, j’invente des plats, j’invite du monde tous les week-end rien que pour avoir le plaisir de leur faire goûter mes inventions et leur demander leur avis, ça c’est vraiment génial !
– Et alors ? Pourquoi tu ne te donnes pas l’autorisation de faire ce que tu aimes vraiment ?
– Mais j’peux pas ! Tu comprends pas ! Mes clients ont ma confiance, je ne peux pas les laisser comme ça. Et puis de quoi je vais vivre en attendant que mon activité démarre ? Et puis mon conjoint ne sera pas d’accord.
– (…)
Je vous repose les mêmes questions que ci-dessus :
Que feriez-vous si vous étiez à sa place ?
(« je ne suis pas à sa place »)
Autrement dit :
Que feriez-vous si vous étiez confronté à pareil choix : être fidèle à une promesse faite à vous-même dans le passé ou être fidèle à vous-même aujourd’hui ?
Lorsque je vois ces personnes rester « fidèles » à des promesses dépassées, « scotchées » à des situations passéistes, je me dis spontanément : « quel gâchis ! » Puis je m’abstiens de juger et je me demande (avec anxiété) : et moi, à quoi suis-je en train de rester fidèle malgré moi ? A quoi suis-je en train de renoncer pour rester conforme à l’image que je me fais de moi-même ; ou pour rester conforme à l’image que se fait autrui de moi ; ou – surtout – pour ne pas prendre le risque de « décevoir » ou « trahir » quiconque ?
Que ferais-je à leur place ?
Oui, je m’interroge. Et ces relations en miroir me réfléchissent et me parlent. Elles me disent : « Nathalie, est-ce que (par hasard) tu ne serais pas en train de faire comme elles ? Est-ce que tu ne serais pas en train de passer à côté de toi-même et de tes vrais buts sous des prétextes divers (que je ne m’avoue pas… par lâcheté) ? Es-tu vraiment fidèle à tes envies profondes ? Est-ce que tu fais de chaque jour, chaque instant, un moment de joie et de vérité ? Est-ce que tu t’amuses à faire ce que tu fais, à penser ce que tu penses, à ressentir ce que tu ressens ? »
Et je dois bien admettre que je ressens davantage de frustrations que de joie, de contraintes que d’élans, d’inquiétudes et de préoccupations que de créativité. Aïe, ça fait mal.
Il est vrai qu’assumer ses désirs, avoir le courage d’être soi, n’est pas une mince affaire.
Pourtant, arrivés au seuil de notre vie, qu’aurons-nous fait de nous ? Ne risquons-nous pas d’avoir des regrets ?
Je me rappelle la lecture du livre de Bronnie Ware, auteure de Les cinq regrets des personnes en fin de vie qui relate les regrets – comme son nom l’indique – et dont le principal est celui de n’avoir pas été fidèle à ses idéaux, à ses rêves, à soi-même. Le constat est amer pour ces personnes qui n’ont plus le temps de réaliser leurs rêves et ressentent amertume et gâchis de ne pas avoir eu l’audace de passer à l’acte.
Que sommes-nous en train de faire à notre propre place ?
Si nous ne veillons pas sur nous-mêmes et nos désirs profonds, si nous ne respectons pas la personne que nous incarnons, avec tout ce qui nous constitue (notre potentiel, nos besoins, nos désirs, nos talents), si nous ne vivons pas notre propre vie, personne d’autre ne le fera pour nous et nous nous serons gâchés, tant dans notre épanouissement et joie de vivre que dans notre contribution au monde.
Et puis vous êtes quand même la personne la plus importante de votre vie. Non ?
Être fidèle à soi-même sans jamais trahir les autres, c’est à mes yeux, le seul vrai débat de toute tragédie humaine.
Emmanuel Roblès, écrivain
Être fidèle à soi-même sans jamais SE trahir…
…être fidèle à soi-même à chaque instant de sa vie, vivre dans l’instant présent, dans l’ici-et-maintenant. Là est la vraie vie parce que là est votre vie.
Vous êtes la personne la plus importante de votre vie, vous devez être votre priorité. Il ne s’agit pas de l’égoïsme issu du mental mais de la conscience de soi et de son écologie interne vitale. Vous devez prendre soin de vous, de vos désirs, de vos aspirations profondes comme personne. Si vous ne le faites pas, qui le fera ?!
Et puis – cerise sur le gâteau – les personnes qui savent vraiment prendre soin d’elles et de leurs désirs, savent aussi prendre soin des autres, non par obligation ou par « devoir » mais avec une vraie générosité issue de sa source : l’amour 😉
Je vous souhaite le meilleur,
Nathalie Decottégnie,
La Référente de la Proactivité, Auteure, Conférencière par passion,
Consultante-Formatrice en Développement personnel et professionnel,
Maître-Praticienne Reiki depuis 2004.
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